G. Federman - psychiatre - C. Siguret - journaliste
Annee 1986 ou 1987.
Le contexte : J’etais infirmière Dans un service de malades mentaux très lourd, (oligophrènes), d’autant plus qu’il était isolé et sans visite de la hiérarchie, ou de l’extérieur.
À l’exception De Dr Federmann, qui nous rendait visite quotidiennement durant sa vacation dans cet établissement en Moselle. Étrange comportement pour un psychiatre puisqu’il était le seul, on se demandait ce qui le motivait, tant la générosité de cœur peut dans le désert être perçue comme suspecte.
Une patiente avait comme jeu de renverser la poubelle de l’office. Trop Rapide et véloce, on ne parvenait guère à l’en empêcher. Dr Federmann est venu quelques fois en toute simplicité nous prendre la pelle et la balayette des mains, ramasser le contenu ragoûtant. Je m’en souviens comme si cela venait d’arriver. Ce geste était pour nous salvateur. Son geste a changé le regard que nous avions de la situation et de tous les actes que nous accomplissions.
J’en pleure en écrivant ces mots. Il avait perçu et compris la souffrance au travail du personnel soignant mis dans ce contexte particulier, Et nous accordait toujours ce regard attentionné sans oublier une pointe d’humour qui le caractérise si c’est encore le cas.
Merci encore de tout cœur.
J'aime écouter ses paroles.
Georges Yoram Federmann, né le 17 juillet 1955 à Casablanca au Maroc, est un médecin psychiatre français établi à Strasbourg. Après ses études de médecine, Georges Federmann se spécialise en psychiatrie et se consacre aux soins des invalides de guerre, des toxicomanes et des étrangers sans-papiers. Juif et militant d'extrême gauche, il ouvre pour la défense des marginalisés. Il défend par ailleurs la reconnaissance du droit à l’existence de l’État d’Israël, tout en défendant la cause palestinienne.
En 1997, il crée le cercle Menachem-Taffel, association qui milite pour la reconnaissance et la mémoire des atrocités commises à Strasbourg par le professeur August Hirt à la faculté de médecine nazie. Il a travaillé à redonner une identité aux 86 juifs victimes de ces crimes. En 2011, suite à ses actions, une partie du quai Pasteur à Strasbourg a été rebaptisée quai Menachem Taffel, du nom du premier cadavre identifié.
Catherine Siguret est journaliste et écrivaine. Elle est également scénariste depuis 2016.
Le courage 05 décembre 13:52, par lalenya
Si on a aussi les défauts de ses qualités je pense que le courage, lui, n'est pas négociable, à l'instar de la dimension de h'essed, il n'y a pas de défaut ni à la générosité, ni à l'hospitalité, comme il n'y en a pas du courage !
Et Georges Yoram est habité par ces dimensions...