Cela pourrait commencer comme une histoire juive. Comment comprendre aujourd’hui que les adversaires du capitalisme, les penseurs décoloniaux, les féministes radicales s’accordent sur un seul point : le fait que le juif soit l’ennemi ? Ils sont rejoints dans cette haine du juif, à l’autre bout du spectre politique, par ceux qui, à l’extrême droite, stigmatisent en lui l’étranger, l’apatride, l’individu aux mœurs sexuelles douteuses, l’agent de la dilution de l’identité nationale. Le plus étonnant est que ces accusations, qui pourraient nous sembler appartenir à un autre âge, sont aujourd’hui largement diffusées sur les réseaux sociaux, reçues d’un grand auditoire, mais qu’elles nourrissent également les discours publics. Il faut alors s’interroger sur ce que nous disent ces fantasmes de ceux qui les véhiculent et, au-delà, de notre époque.